Natalité
La natalité, une urgence sociale
AVEC LA POURSUITE DE LA CHUTE DE LA NATALITÉ EN FRANCE, NOS GOUVERNANTS NE DEVRAIENT-ILS PAS S’INQUIÉTER DES CONSÉQUENCES SOCIALES ET ÉCONOMIQUES ?
Oui, la baisse significative de la fécondité à des répercussions directes, sur nos vies, notre modèle social et la solidarité intergénérationnelle. La viabilité de celle-ci dépend de l’équilibre entre la génération qui débute sa vie, celle qui travaille et celle qui s’est retirée de la vie active.
La baisse du nombre de mariages, la hausse du nombre des séparations et divorces, des familles monoparentales et des familles recomposées, crée des situations plus complexes et précaires. Par exemple, une famille sur quatre est une famille monoparentale et, en 2021, 40,5% des enfants vivant dans une famille monoparentale sont pauvres d’après l’Insee.
Cette précarité familiale se retrouve à la fin de la vie. Le vieillissement de la population et la diminution du nombre d’enfants créeront des situations difficiles pour les parents âgés, malades ou en fin de vie. Alors qu’il y avait encore, voici quelques années, plusieurs enfants pour s’occuper d’un parent, il n’y en aura bientôt plus qu’un, voire plus du tout.
L’équilibre de la natalité a aussi des conséquences sur notre modèle de répartition. A l’heure de la réforme des retraites, les esprits s’agitent pour contrer la baisse du ratio cotisants/retraités.
Depuis sa création, il y a 10 ans, La Manif Pour Tous dénonce la déconstruction radicale de la politique familiale. Or, nous ne pouvons plus vivre sur le crédit de la génération de nos parents qui avait une forte natalité. Comme le dit l’adage : « la démographie, c’est le destin ».
DE QUOI CETTE BAISSE DE LA FÉCONDITÉ EST-ELLE LE NOM ?
Elle est d’abord celui d’un choix politique de François Hollande qui a fait instituer, en 2015, des différences très importantes du montant des allocations familiales suivant les revenus des parents. L’accueil et l’éducation des enfants bénéficient pourtant à toute la société, quel que soit le niveau de vie des parents, et les familles qui s’agrandissent sont toutes impactées financièrement.
Ce fut aussi la baisse continue du plafond du quotient familial et, peut-être plus impactant encore, les conditions nouvelles accolées au congé parental, en 2015 aussi : elles ont de facto réduit celui-ci d’une année entière (sur les trois années qu’il compte supposément) pour 96% des familles dont l’un des parents prend un congé parental. Une catastrophe.
C’est depuis 2015, justement, que la natalité française a décroché. Mais le ministre François Braun prétendait encore tout récemment, en répondant à une question du député Renaissance Bertrand Sorre, qu’il n’est pas possible d’établir un lien de causalité direct entre le taux de fécondité et le montant d’une prestation familiale ou une réforme en particulier. Un prétexte et un mensonge qui perdurent depuis des années. En réalité, toute l’histoire de la politique familiale atteste du contraire.
Jusque-là, Emmanuel Macron n’a rien fait pour y remédier. Au contraire, la réforme des retraites a pénalisé les mères en maintenant la suppression de facto des trimestres pour enfants pour celles qui auront travaillé toute leur vie (elles auront aussi leur retraite à taux plein à 64 ans, ce qui ne tient pas compte des enfants).
LA NATALITÉ EST L’UN DES ANGLES MORTS LES PLUS LOURDS DE CONSÉQUENCES DE LA POLITIQUE DE L’HÔTE DE L’ELYSÉE.
Cette baisse est aussi le fruit de la « déconstruction sociale » que notre société subit.
L’idéologie woke, l’écologie millénariste et un individualisme revendiqué incitent les jeunes à renoncer à la famille. Des médias ne cessent de mettre en valeur des mères « qui regrettent d’avoir eu un enfant », des jeunes femmes qui veulent se faire ligaturer les trompes, etc. Le résultat est là, comme en atteste un sondage IFOP pour le magazine Elle de septembre 2022 : 30% des Françaises de 18 à 49 ans ne veulent pas d’enfants. Du jamais vu !
Pourtant, délaisser la politique familiale, c’est affaiblir notre modèle social. La famille devrait être mise en valeur et encouragée car elle reste le lieu d’accueil et d’éducation des enfants, et le premier lieu de solidarité entre les générations. L’État-providence n’a ni la capacité, ni les moyens de remplacer la famille !
Au-delà même des enjeux économiques, une natalité dynamique fortifie les familles comme lieu de solidarité. Nous en faisons tous l’expérience dans nos vies, comme l’ont montré les confinements. A l’inverse, l’effritement de la natalité impactera nos vies quotidiennement.
La réforme des retraites est symptomatique du mauvais traitement infligé aux familles. Pourtant, faire des enfants n’aura-t-il pas un impact plus important pour la société que quelques trimestres supplémentaires de cotisations ?
Pour parvenir au moins à l’équilibre, il est nécessaire de considérer la natalité comme une urgence sociétale et d’orienter les décisions politiques en fonction de celle-ci.
LE BILAN D'EMMANUEL MACRON
La France s’éloigne encore davantage, en 2021, du seuil de renouvellement des générations et s’approche d’un hiver démographique.
Si le recul de l’âge moyen des mères à la naissance est l’une des explications, les nombreuses mesures déconstruisant la politique familiale au profit d’une approche sociale (ciblant uniquement les familles pauvres) prises par François Hollande en sont une autre. Sous le quinquennat d’Emmanuel Macron, cette déconstruction s’est poursuivie (à l’exception de la mesure ayant rallongé le congé de paternité qui concerne l’ensemble des familles et non certaines d’entre elles seulement).
En ce qui concerne la PMA, son faible taux de réussite et l’épreuve qu’elle représente ne peut conduire à considérer qu’elle serait une solution pour compenser le recul de l’âge moyen des mères à la naissance. Légaliser l’autoconservation des gamètes sans motif médical (loi « bioéthique » du 2 août 2021) en vue d’une PMA plus tard est un non-sens : elle conduira la majorité des femmes concernées, finalement, à ne pas parvenir à avoir un enfant alors qu’elles étaient fécondes quelques années plus tôt.
Du côté des adoptions, leur nombre poursuit sa baisse également. La réduction de la pauvreté dans le monde l’explique en partie. Le renforcement de la règlementation en la matière (Convention sur l’adoption internationale de la Conférence de La Haye), qui permet de les sécuriser, a rendu aussi l’adoption plus complexe. Le mariage de personnes de même sexe (qui a ouvert aussi l’adoption aux couples de même sexe) a conduit certains pays à mettre un stop à l’adoption de leurs orphelins par des Français.