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Suicide assisté et euthanasie : 26 personnes touchées pour chaque cas

Loin d’être une décision individuelle, la mort délibérée entraîne d’importants traumatismes subis par les familles, ce qui rend inacceptable la légalisation de ces pratiques.

De nombreuses études de suicidologie attestent du traumatisme et de la grande souffrance des proches de personnes décédées par suicide, y compris lorsqu’il s’agit de suicide assisté et d’euthanasie. Elles soulignent aussi la longue et lente diminution des symptômes du deuil en raison des circonstances. Quelles que soit les modalités du suicide, les thérapeutes et professionnels de la santé mentale sont particulièrement sollicités par les proches d’une personne qui a mis fin à ses jours, seul ou avec de l’aide. Cela s’explique par l’intensité des symptômes d’angoisse et de dépression qui les concernent.

Que ce soit en Suisse, au Canada ou en Oregon (Etats-Unis)¹, les études montrent que l’entourage des personnes qui se suicident connaît de manière très exacerbée des sentiments d’abandon, de culpabilité, de tristesse, d’incompréhension, mais aussi de trahison et souvent de colère. « Les membres d’une famille se sentent parfois tellement coupables qu’ils n’osent pas ou refusent de discuter du décès entre eux. Sans en parler ouvertement, un genre de pacte de silence peut s’établir entre eux. Dans certaines familles, on blâme un membre en particulier pour le décès et il devient un genre de bouc émissaire à qui l’on reproche ses faits et gestes en regard de la personne suicidaire »

La proposition de loi en faveur du suicide assisté et de l’euthanasie, portée par Olivier Falorni, militant pro-euthanasie de la première heure, ne dit pas un mot des proches, ce qui signifie qu’ils peuvent même ne pas être prévenus si le patient ne le demande pas.

La littérature scientifique montre que lorsqu’un proche est prévenu, il se retrouve sous pression et confronté à un incroyable dilemme : soit il n’ose pas tenter de le dissuader et laisse faire, quoiqu’il en pense réellement ; soit il s’éloigne de lui. Et quand il se sent tenu d’écouter la volonté du patient, soit il doit s’en faire l’ambassadeur auprès des proches, soit il se retrouve, plus tard, accusé par eux de n’avoir rien dit.³

Des traumatismes en chaîne

Quant au fait de connaître la date prévue de la mort par suicide, la recherche montre que « le pathos rendu latent pendant le processus du « mourir » éclate et envahit le survivant lorsque cette perte est intégrée dans son esprit, souvent de manière inattendue et violente, bien qu’il s’agisse d’une mort annoncée. D’une certaine manière, le chagrin de cette perte imminente, « étouffé » ou « déguisé » pendant l’accompagnement, est transposé vers l’après ».⁴

En décrivant ces faits, les études attestent qu’au traumatisme du suicide d’un proche s’ajoutent d’autres problématiques extrêmement difficiles à vivre, qui conduisent souvent à déchirer les familles et à exposer l’entourage à des souffrances psychiques majeures.

La suicidologie atteste aussi du caractère épidémique du suicide, jusque dans ses modalités. Depuis les années 1970, en effet, les chercheurs se sont intéressés aux effets de la médiatisation des suicides. Ils estiment que le taux national du suicide augmente en moyenne de 2,5 % dans le mois qui suit un suicide médiatisé. Ce phénomène est si important que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié des recommandations à l’intention des médias pour limiter la contagion suivant un suicide. Mais ce phénomène est également observé parmi les proches des personnes décédées par suicide, ce que les professionnels de la santé mentale, les seuls à pouvoir intervenir en l’occurrence, ont le plus grand mal à endiguer. Et ce d’autant plus que de nombreuses personnes endeuillées par le suicide ne cherchent pas d’aide pour diminuer leur souffrance à cause de leur sentiment de culpabilité.

« Le Syndicat de la Famille dénonce vigoureusement le projet de légaliser l’euthanasie et le suicide assisté. Le nombre de personnes concernées et affectées par des blessures psychiques serait massif. Une étude française⁵ a en effet montré que pour chaque décès par suicide, 26 personnes sont directement ou indirectement endeuillées. Or, si l’on rapporte le nombre actuel d’euthanasies en Belgique à la population française, cela signifierait que 63 euthanasies seraient pratiquées chaque jour en France et que plus de 500.000 personnes en seraient ainsi victimes chaque année, soit plus que la ville de Lyon. Ces pratiques créeraient donc de toutes pièces un problème de santé publique majeur. La sagesse doit conduire à accélérer le développement des soins palliatifs pour permettre à tous ceux qui en ont besoin de soulager leurs souffrances, quelles qu’en soient leur nature » résume Ludovine de La Rochère, Présidente du Syndicat de la Famille.

 

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¹ Mental Health Outcomes of Family Members of Oregonians Who Request Physician Aid in Dying” – Journal of Pain and Symptom Management (2009)
² « Comprendre le suicide » Mishara, Brian L., et Michel Tousignant. Comprendre le suicide. Presses de l’Université de Montréal, 2004
³ Kimsma GK, van Leeuwen E. The role of family in euthanasia decision making. HEC Forum 2007;19:365-73.
⁴ Zala M. Chronique d’une mort volontaire annoncée : l’expérience des proches dans le cadre de l’assistance au suicide. Fribourg : Academic Press Fribourg, 2005.
⁵ Vaiva G. et al., 2010, Impact de la tentative de suicide sur les proches du suicidant : premiers résultats de l’étude Imtap, 42e journée du Groupement d’étude et de prévention du suicide, Versailles.

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