[…]« Cette panique morale est importée des Etats-Unis », analyse la politiste et codirectrice de l’Observatoire LGBTI+ à la Fondation Jean-Jaurès, Flora Bolter. En effet, il fleurit outre-Atlantique des propositions de loi, portées par la droite, destinées à faire basculer cet art du maquillage et du déguisement dans le domaine du divertissement pour adulte. En France, les principaux détracteurs de ces ateliers sont le parti Reconquête !, la Manif pour tous, des groupuscules identitaires et le Rassemblement national. La plupart se défendent de vouloir s’en prendre aux personnes LGBTQIA+ et assurent « simplement vouloir protéger les enfants de la théorie du genre ». C’est l’idée, qui ne date pas d’hier, d’une jeunesse mise en danger par la présence même des personnes LGBTQIA+. Ce discours rappelle la façon dont cette frange politique a manifesté son opposition – fructueuse là encore – aux « ABCD de l’égalité » ou à l’ouverture du mariage pour tous sous le quinquennat Hollande.
« Ces spectacles mettent sur la table des problématiques d’adultes. Ces idées risquent de perturber de très très petits enfants », nous détaille par exemple la présidente de la Manif pour tous, Ludivine de La Rochère. Est-ce le choix des contes ou bien celui des conteurs et conteuses qui alerte l’extrême droite ? Les opposants à qui nous avons pu parler n’avaient pas consulté le programme. Ce samedi, à Toulouse, quatre livres ont été lus. Ils racontent les histoires d’une prin- cesse sauvée qui refuse la vie au foyer, d’une autre qui a du duvet sous le nez, d’un petit garçon qui préfère regarder les nuages que de jouer et d’une poupée qui rêve de s’amuser avec une tractopelle.