+22 % d’homicides et + 78 % de tentatives d’homicides entre 2016 et 2023. Hausse de 28,3 % des violences sexuelles sur mineurs entre 2016 et 2019. 225 000 jeunes de 10 à 24 ans poursuivis au pénal en 2021, soit 2 % de cette classe d’âge. Plus d’un jeune de 18-24 ans sur cinq en état de dépression en 2021, contre un peu plus d’un sur dix en 2017. Un tiers des personnes interpelées lors des émeutes urbaines de l’été 2023 est mineur. C’est dans le contexte de cette évolution sociale très préoccupante que Le Syndicat de la Famille a organisé aujourd’hui un colloque au Palais-Bourbon.
Objectif : placer au cœur du débat public les besoins des enfants et des adolescents, identifier ce qui fait défaut et ce dont les familles ont besoin pour assurer leur rôle éducatif.
« J’en appelle au sens des responsabilités des mères et pères de famille »
Ce cri du cœur d’Emmanuel Macron, le 30 juin 2023, au cœur des tensions soulevées par la mort de Nahel, résonne dans toutes les têtes. Il résume la mission éducative des parents et leur présence irremplaçable auprès de leurs enfants. Lorsqu’un jeune est appelé à la barre d’un tribunal, le juge a généralement pour réflexe de s’interroger sur le cadre familial. Concrètement, l’absence du père est synonyme de circonstance atténuante. Loin d’être une source de désespérance, cette réalité doit au contraire servir de boussole pour les acteurs de la vie sociale mais aussi pour construire les politiques publiques au service d’une société apaisée.
Une approche multidisciplinaire
Difficultés économiques, faillite de l’école, limites de notre système de santé, lenteurs de la justice, inquiétude géopolitique… si tout le monde s’accorde sur le fait que notre société ne va pas bien, les raisons sont multiples, avec un effet cocktail dévastateur pour notre jeunesse qui se traduit par une explosion des violences.
Médecin neuropsychiatre et psychanalyste, Boris Cyrulnik a exposé les besoins de l’enfant, en allant du premier foyer de l’enfant – l’utérus -, au second – le foyer parental –, puis au troisième – le récit culturel. Il a insisté en particulier sur le phénomène du burn-out maternel, qui marque l’enfant par l’épigénétique. Pour lui, sécuriser la mère est la première des urgences, dans un contexte social occidental de stress maternel inédit. Or la possibilité d’agir sur le milieu, c’est-à-dire de recréer un tissu social autour d’elle, en commençant par le père, peut changer la donne. Nous avons la liberté d’agir et donc une responsabilité à exercer au bénéfice de l’enfant.
Boris Cyrulnik a également développé la nécessité du toucher, du regard, du babil, des échanges verbaux avec la mère : de leur richesse dépendra le développement du cerveau et du langage, qui eux-mêmes préviendront le recours à la violence.
Marion Robin, pédopsychiatre, a exposé les besoins de contenance, d’affiliation et d’individuation, qui sont les trois sphères nécessaires à l’épanouissement et à l’éducation de l’enfant et de l’adolescent, dans le bon ordre et avec un juste équilibre entre les trois : la première correspond à la cohérence éducative des parents et la justesse des attentes à son égard ; la deuxième est celle de l’affectif et de la tendresse ; et la troisième est la capacité progressive de l’adolescent à exercer sa liberté.
Experte en ressources humaines, en particulier dans la conciliation de la maternité avec la vie professionnelle, Marine de Poncins a invité les participants de ce colloque à réinvestir, réhumaniser et réenchanter le lien maternel. Fustigeant l’écoanxiété et les mouvement « no kids », elle a rappelé avec force les apports de la science et de la neurologie sur la puissance du lien maternel.
Depuis trop longtemps, les orientations politiques, d’une manière générale, se fixent de nombreux objectifs, tout à fait louables, mais qui oublient l’essentiel et prennent les sujets à l’envers. Le constat est partagé par l’économiste Jean-Didier Lecaillon. Pour cet universitaire reconnu, c’est bien l’humain qui doit être au cœur des politiques. Il appelle d’ailleurs de ses vœux la nomination d’un ministre « dédié aux solidarités transgénérationnelles et à l’investissement familial » directement rattaché au Premier ministre. La politique familiale est donc absolument cruciale. Pour permettre à la famille de redevenir la source de la prospérité, et aussi la source de l’éducation. C’est cette trajectoire qui inspire l’action de Caroline Carmentrand, adjointe au maire d’Asnières en charge de la famille. Elle a insisté sur l’importance d’adapter le congé parental aux besoins des parents et des enfants. Cette mesure, qui passe notamment par la libéralisation de ce congé et sa revalorisation, offre des bénéfices évidents pour tous, et pour la société dans son ensemble.
« Le rôle de l’Etat n’est pas d’aimer ! C’est le rôle de nos proches, à commencer par nos familles. Elles sont les mieux placées pour accompagner, protéger, soigner, mais aussi faire grandir et éduquer. Pour accompagner cet élan, l’Etat doit respecter la place de la famille, à commencer par celle des parents auprès de leurs enfants. Il doit même encourager et soutenir les parents, en facilitant leur mission éducative » résume Ludovine de La Rochère, Présidente du Syndicat de la Famille. « Pour que nos enfants grandissent bien, pour qu’ils deviennent des adultes respectueux les uns des autres et responsables, pour une société solidaire et pacifiée, il n’y a qu’une seule voie possible : entourer les familles et les démultiplier en soutenant la natalité. C’est ce qui permettra de recréer le tissu social dont tous les parents ont besoin pour tenir et pour assurer l’éducation de leurs enfants. C’est aussi ce qui conduira à construire ensemble une société apaisée » poursuit-elle.
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